Publié le 30 Janvier 2019

Kelsey Borresen is the Weddings Editor at The Huffington Post, based in Los Angeles. She is a graduate of the University of Southern California, where she majored in Journalism. She will someday be the mother to one or more corgis.

Des thérapeutes nous expliquent à quelles difficultés un couple est le plus souvent confronté à ce stade, ainsi que quelques solutions possibles.

 

 

VIE DE COUPLE - Vous avez donc passé le cap des sept ans, généralement considéré comme fatidique. Félicitations ! Mais même si on aimerait pouvoir vous dire qu'à partir de ce stade, vous ne connaîtrez plus qu'un bonheur limpide, ce serait malheureusement un mensonge.

Au bout de 10 années, quand la phase "lune de miel" n'est plus qu'un lointain souvenir, on se trouve plus exposé à une variété de problèmes conjugaux. Nous avons consulté divers thérapeutes sur les écueils auxquels se préparer à l'issue de cette première décennie, ainsi que la manière de les gérer.

 

1. Vous avez plus l'impression de cohabiter que de partager une histoire d'amour

Tout couple de longue date vous le confirmera: entretenir la flamme nécessite fatalement des efforts. Si les deux conjoints ne sont pas attentifs à préserver leur lien — via des rituels comme de fréquentes soirées à deux, de petites attentions ou le passage par une thérapie de couple —, leur relation risque de tourner à la simple cohabitation.

"Au bout de 10 ans passés ensemble, [cela] devient un risque majeur car les époux, pris par la gestion du quotidien, peuvent cesser progressivement de se concentrer l'un sur l'autre", a déclaré Kurt Smith, un thérapeute spécialisé dans le coaching d'autres hommes, au HuffPost américain. "Leur union peut facilement se mettre à tourner autour d'une vie ou d'une famille commune, plutôt que d'une relation amoureuse."

 

2. Vous trouvez la vie à deux ennuyeuse

Dans un mariage, il n'est guère réaliste de vouloir faire de chaque jour une sorte de conte de fées débordant de magie. Mais cela ne veut pas dire qu'il faut se résigner à une petite vie plan-plan! Si vous vous ennuyez en couple, c'est probablement le signe que votre conjoint et vous avez cessé d'apprécier l'autre et votre relation à leur juste valeur, avertit la psychothérapeute Tina Tessina.

"Vos activités sont peut-être devenues trop routinières, ou bien il y a entre vous un problème auquel vous refusez de faire face. Pour combattre ce côté morne, prenez les risques qui s'imposent — par exemple en amorçant une discussion difficile sur votre vie sexuelle, votre belle-famille ou les années qui passent, ou bien en osant suggérer un changement dans votre quotidien."

Si la malédiction de la routine a commencé à vous frapper, la solution est évidente: remettre du piment dans tout ça.

"Il suffit de faire des choses différentes", affirme la thérapeute. "Peu importe quoi, tant que cela représente un peu de nouveauté à partager."

 

3. Votre vie sexuelle a perdu de son intensité

Au fil des années, la vie intime d'un couple aura bien des raisons de connaître des fluctuations: problèmes d'ordre physique ou psychologique, arrivée d'un enfant, effets secondaires de certains médicaments, stress, tensions entre conjoints, troubles du sommeil et bien d'autres. Rien de plus normal, à en croire les sexologues. Mais si vous ne faites pas l'effort d'améliorer les choses, ces périodes de creux peuvent s'éterniser de plus en plus, créant un sentiment de rejet et d'éloignement chez l'un des époux (ou les deux).

"En règle générale, la complicité sexuelle ne disparaît pas du jour au lendemain; comme bien d'autres choses, au bout de 10 ans, elle risque plutôt de s'amenuiser progressivement", commente Kurt Smith.

Si votre partenaire et vous avez perdu cette étincelle entre vous, les spécialistes recommandent d'aborder le sujet de front (malgré la difficulté évidente à s'y confronter), d'aller vous coucher à la même heure, ainsi que d'entretenir le contact physique en dehors de l'enceinte de votre chambre (étreintes, baisers, câlins etc.). Quand vous vous sentirez de nouveau prêts à vous laisser aller sous la couette, ne vous formalisez pas s'il y a un peu de gêne dans vos ébats. Prenez les choses en douceur, et soyez réaliste dans vos attentes: rien ne vous oblige à grimper au plafond à tous les rapports.

 

4. Vous êtes insatisfait car votre mariage semble vous avoir interdit de réaliser certaines aspirations

Un mariage entraîne naturellement un changement de priorités. Tout ne tourne plus autour de vous: votre conjoint (et vos enfants, si vous décidez d'en avoir) prennent la première place. Cela implique souvent de faire des compromis et des sacrifices, susceptibles de compromettre certaines évolutions de carrière et autres désirs profonds — voyager, fonder sa propre entreprise, découvrir un nouveau hobby.

"Dans les débuts, lorsqu'ils construisent leur relation et leur famille, nombre de couples font le deuil de leurs rêves pour dire de maintenir une stabilité", explique la thérapeute conjugale Kari Carroll. "Mais au bout de 10 ans, ils réalisent que cet appel est encore bien présent, et doivent trouver un chemin permettant aux deux conjoints d'arriver à plus d'épanouissement."

 

5. Vous avez beaucoup plus de mal à vous supporter

Dans les premières années de vie commune, on est naturellement plus conciliant. Il est plus facile de donner à son partenaire le bénéfice du doute quand il ou elle commet une lourde erreur ou fait quelque chose qui vous exaspère. Mais au fil du temps, les deux époux perdent souvent cette patience et cette faculté à tourner la page. De petites choses qu'on aurait autrefois balayées en riant deviennent la source d'un ressentiment latent.

"Dans les débuts d'un mariage, on peut se montrer très compréhensif, car l'amour partagé efface les défauts et les échecs", confirme Kurt Smith. "Mais malheureusement, cette tolérance mutuelle peut s'effacer avec la maturité."

Si c'est votre cas, n'oubliez pas que votre conjoint et vous êtes bien des alliés et non des adversaires. Ne lui prêtez pas de mauvaises intentions: partez du principe qu'il fait du mieux qu'il peut, et avec un peu de chance, il en fera de même pour vous.

 

6. Vous avez cessé de fêter les occasions spéciales, importantes comme anecdotiques

Dans le charme des débuts, tout est propre à devenir un objet de fête: vos huit mois passés en couple, la fin d'une semaine difficile au travail, la Journée nationale de la margarita. Mais avec le temps, ces célébrations se font parfois de plus en plus rares.

"Comme vous l'avez fait pour votre mariage, vos promotions majeures, les anniversaires ou la remise des diplômes de vos enfants, votre conjoint et vous devez continuer à célébrer votre amour au fil de votre parcours ensemble, lui vouant toujours autant d'énergie et de motivation", déclare Tina Tessina. "Partager de nombreuses occasions de fête, c'est démontrer toute l'affection et l'appréciation qu'on se porte."

Vous pouvez par exemple prévoir des soirées entre amis ou en famille, ou bien rien que tous les deux. Une seule injonction: en faire un moment spécial! Et nul besoin de dépenser beaucoup ou de se livrer à des fantaisies: un simple pique-nique dans le jardin, un concert gratuit ou une soirée spa à la maison sont autant d'excellents exemples.

"Partez ensemble le temps d'un week-end, pour fêter un événement en particulier ou la simple joie d'être toujours ensemble", suggère la psychothérapeute. "Prévoyez une soirée spéciale, chez vous ou au restaurant; allez voir un concert, ou bien visiter un parc d'attractions. En résumé, une longue période de vie commune ne vous interdit pas de vous livrer à des rendez-vous amoureux."

 

7. Vous oubliez d'être légers et de faire les idiots ensemble

En vieillissant et en accumulant les sources de stress, nombre d'entre nous avons tendance à devenir trop sérieux. Nous y perdons notre sens de l'humour un peu bébête, notre capacité enfantine à nous émerveiller de tout ce qui nous entoure. Luttez contre cette tendance en remettant des moments de jeu dans votre couple; faites-en un rituel à deux.

"Laissez de côté votre peur de passer pour des idiots", conseille Tina Tessina. "Lancez-vous un frisbee, amusez-vous à faire des bulles de savon, installez-vous sur une balançoire au parc et livrez-vous des duels acharnés au Monopoly ou au Trivial Pursuit. À moins que vous ne préfériez vous lire tout simplement des blagues et des histoires drôles."

 

8. Le stress de devenir propriétaires commence à vous peser

Au bout de 10 ans, arrivés (si tout va bien) à la stabilité financière, beaucoup de couples envisagent l'achat d'une maison ou d'un appartement. Et si atteindre le statut de propriétaires est un important symbole de réussite, cela implique aussi beaucoup de contraintes et d'angoisses, susceptibles de causer des tensions.

"Les week-ends faits de brunchs et de sorties se trouvent souvent consacrés à construire une terrasse ou à tondre la pelouse", fait remarquer Kari Carroll. "Pour trouver un équilibre entre la nécessité de se consacrer à ses projets immobiliers, la vie de famille et une relation à entretenir, il faut être bien organisé et savoir travailler en équipe."

 

Cet article, publié à l'origine sur le HuffPost américain, a été traduit par Guillemette Allard-Bares pour Fast ForWord.

 

Rédigé par hl_66

Publié dans #Réflexion

Publié le 24 Janvier 2019

 

Saverio Tomasella est docteur en psychopathologie, psychanalyste et écrivain. Il a fondé l’Observatoire de l’ultrasensibilité: ultrasensibles.com

Il est l’auteur, notamment, de:

 

Hypersensibles. Trop sensibles pour être heureux? Eyrolles, 2013.

A fleur de peau (roman), Leduc, 2017.

Attention coeurs fragiles! Les hypersensibles et l’amour, Eyrolles, 2018.

J’aide mon enfant hypersensible à s’épanouir, Leduc, 2018.

Les hypersensibles au bureau, Eyrolles, 2019.

 

La journée de l'hypersensibilité a lieu le 13 janvier. Dans notre société moribonde du "savoir paraître normal", l'hypersensible risque de perdre son âme.

 

Les sociétés dites "développées" sont paradoxales et sources de contradictions. Les cultures contemporaines sont notamment partagées entre la liberté d'expression et la course à la performance, le culte du corps et la croissance du virtuel, la valorisation de l'individuation et le poids de l'individualisme, la soumission aveugle à une prétendue "objectivité scientifique" ou "technique" et la prolifération de toutes sortes de superstitions, etc.

 

Une société en mal de sensibilité

 

Pour le psychiatre Christophe André, l'hypersensibilité n'est que la conséquence directe et salutaire d'une société "hyposensible", voire insensible. Certaines personnes nient l'existence de l'hypersensibilité. Les uns considèrent que chacun de nous peut être plus ou moins sensible selon les circonstances, ce qui est vrai. Les autres affirment que l'hypersensibilité n'existe pas et que seule compte la façon singulière dont chacun exprime sa sensibilité, ce qui est vrai aussi. Ces deux arguments n'empêchent pas la réalité d'une sensibilité élevée en décalage avec la majorité ambiante, comme le résume le tableau ci-dessous.

Saverio Tomasella

Pour résumer ce tableau, on pourrait dire en plaisantant que ceux qui vous traitent de chochottes ou vous reprochent de faire des chichis sont des brutes! Ce qui est vrai. Cela permet de renverser la situation pour rétablir la vérité, car ce n'est pas la sensibilité, même très élevée, qui est un problème, mais bien l'absence de sensibilité.

Pour une personne ultrasensible, la question centrale est donc: Comment être soi et vivre sa sensibilité unique? Plutôt que "comment se faire accepter en tant qu'hypersensible?" car, sinon, vous risquez probablement d'attendre très longtemps avant de vous sentir accepté(e)!

Dans la réalité, vouloir être "accepté" présente un risque qui n'échappe à aucun hypersensible. Il s'agit du risque de s'adapter aux autres et aux normes sociales, donc de perdre son âme. Certains psychanalystes appellent ce phénomène construire un "faux self" ou "faux soi", ce qui correspond à se forcer, à se sur-adapter, se "normaliser", s'obliger à devenir quelqu'un d'autre pour correspondre à ce que les autres attendent, imposent, prétendent être ou vouloir.

Ainsi, pour se faire accepter, les ultrasensibles ont tendance à dépenser beaucoup de temps et d'énergie pour vivre dans la culture de l'autre, à penser dans les catégories de l'autre et à s'exprimer dans la langue de l'autre. Cet effort permanent a un impact très puissant sur tout ce qu'ils vivent, y compris dans la sphère intime de l'affection, de l'amitié, de l'amour et de la sexualité. Les grands sensibles y perdent leurs repères et leur spontanéité. Ils se sentent parfois devenir des poupées et des pantins. Ils en souffrent énormément. Là encore, ces douleurs ne découlent pas de leur grande sensibilité, mais de ce qu'ils traversent et endurent pour vivre avec les autres en renonçant à être eux-mêmes. C'est ce renoncement inutile qui est source de souffrance, pas leur sensibilité élevée.

Le philosophe, chercheur et psychanalyste français Carlos Tinoco exprime très bien ce jeu de funambule pour tenter de préserver une part de sa sensibilité face aux prescriptions de la normalité sociale:

"La question que pose l'hypersensibilité n'est pas seulement la quantité ou l'intensité de la sensibilité, mais la complexité des ressentis, le tumulte des émotions et leurs divergences avec ce qui est attendu par l'entourage ou par la société, qui impose souvent une émotion univoque standardisée[1]."

Si chaque hypersensibilité est spécifique, chaque hypersensible est unique dans sa façon de trouver un équilibre précaire entre ce qu'il est et ce qu'il se croit obligé de dire ou de faire pour prendre sa place dans le monde, c'est-à-dire pour travailler, aimer et, si possible, créer.

 

Les destins de la sensibilité élevée

 

Les constats qui précèdent montrent indéniablement que les descriptions types de la sensibilité élevée sont forcément hasardeuses, si ce n'est fausses et mensongères. Les destins de l'hypersensibilité varient donc à l'infini. Certains sont surprenants. Au-delà de l'épanouissement dans une activité créatrice pour les artistes ou dans un métier de soin, d'enseignement, de communication pour biens d'autres, certaines personnes extrêmement sensibles peuvent choisir –au contraire– de se protéger radicalement de leur sensibilité, en la niant (pour elles-mêmes et pour les autres).

Ce risque de se couper de soi-même en rejetant sa sensibilité est nettement augmenté par les demandes de la culture puritaine dominante, une culture hygiéniste impersonnelle qui exige de nous que nous "contrôlions" ou "gérions" nos émotions, pour rentrer dans le rang d'une correction de façade et pour nous fondre dans une masse anonyme de clones sans aspérités et, surtout, sans révolte: de robots programmables, performants et serviles.

Nous touchons là le caractère éminemment politique de la défense de l'hypersensibilité, et plus largement de la sensibilité, un combat sociopolitique aussi important que le féminisme et les luttes LGBT, car cette société moribonde du "savoir paraître normal" vise à écraser nos subjectivités, nos désirs et nos existences libres. Une résistance intelligente et organisée se révèle donc plus que jamais nécessaire pour sauver nos peaux et nos vies, bref pour sauver notre humanité!

Alors, comment vivre sa sensibilité dans un tel contexte ? Affirmons-la sans relâche, et sous toutes ses formes, car ce n'est pas nous qui devons nous adapter à des personnes qui ont démissionné ou à celles qui répercutent les folles demandes du système. Pour être plus fort(e)s, rassemblons-nous, retrouvons-nous ensemble, partageons nos expériences, soutenons-nous mutuellement. C'est pour cela qu'a été créée la Journée de l'hypersensibilité qui aura lieu chaque année le 13 janvier. Ne nous cachons plus, il est grand temps de vivre au grand jour.

Hypersensibles de tous les pays, unissons-nous...

[1]Le 29 avril 2018, lors du salon Surdouessence, à Nanterre.

Pour en savoir plus, voir la vidéo de Saverio Tomasella

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Rédigé par hl_66

Publié dans #Réflexion